C’est à une véritable « murder party » que nous convie la Comédie de Paris. Tous les soirs, et jusqu’au 5 janvier, sonne L’heure des assassins, une comédie policière savoureuse dans le huis-clos d’un théâtre au charme suranné.
Londres, début du XXe siècle. Des cris, des pleurs : voilà que Philip Somerset vient de mourir. Son corps inerte est retrouvé sur un balcon glacé, un soir de 31 décembre. Derrière la fenêtre pourtant, la porte est close et la clé demeure introuvable. Et si le riche macchabée avait été assassiné ? Dès le crime commis, six personnages, six archétypes de ce genre vont se débattre sous nos yeux pour tenter de démasquer le coupable. Serait-ce Katherin, la sœur héritant de la fortune du défunt ? Hartford, le bras droit expert en arrangements financiers ? Faut-il soupçonner Miss Lime (amusant clin d’oeil à la Miss Lemon d’Hercule Poirot), l’assistante un peu trop proche de son employeur ? Georges Bernard Shaw, le critique un brin provocateur, ou Arthur Conan Doyle, prompt à jouer les détectives comme son héros Sherlock Holmes, cherchent-ils à brouiller les pistes ? Et Bram Stocker, le directeur du théâtre, jouerait-il les faux naïfs ?
Julien Lefebvre, déjà auteur du Cercle de Whitechapel et des Voyageurs du crime, revisite avec malice les clichés et multiplie les références dans cet exercice de style so british, façon puzzle d’Agatha Christie. L’enquête, riche en rebondissements cocasses, est finement menée et régale le spectateur de bout en bout. Le décor élégant, le jeu piquant des comédiens et la scénographie précise, sans esbroufe, permettent une immersion totale au cœur du crime. Un moment de détente et de plaisir (coupable) qui ravira à coup sûr les amateurs du genre.