Übü Papa ? Übü Mama? Ingénieusement scénographiée par Alain Timar, la version hongroise de Ubu roi s’exporte au Théâtre de l’Athénée avec la liberté de ton et les insubordinations qui ont fait la notoriété de la pièce d’Alfred Jarry.
A la fois simple et bien sentie, folle et inventive, la mise en scène de cette pièce truculente amuse et surprend le public. Outre les intrusions sonores d’instruments à vent, un rouleau de papier blanc est régulièrement déployé sur scène pour faire évoluer le spectacle : par découpes et torsions, les acteurs y réalisent eux-mêmes leurs costumes et leurs attributs (capes et épées aussi bien que poitrine ou protubérance masculine), changeant successivement de rôle par ce biais. Conformément au texte de Jarry, cette ruse de l’interchangeabilité des acteurs montre non sans humour qu’il existe une part d’Ubu en chacun de nous : si l’habit fait le moine, tout le monde peut porter celui d’Ubu.
On regrettera cependant d’être parfois tenu à distance de cet univers pourtant foisonnant. La faute aux sous-titres, d’abord, qui ne retranscrivent que partiellement les dialogues des acteurs hongrois et nous laissent de fait dans un état d’attente perplexe entre deux répliques. Plus grave, le parti pris scénographique, bien qu’original et ambitieux, finit par s’user jusqu’à diluer la surprise et l’émotion du spectateur.
En dépit de ces faiblesses, on se plaît à redécouvrir cette pièce drôle et pleine de fantaisies dans une mise en scène fraîche, survoltée et créative d’Alain Timar.
T.L.
Ayant vu la pièce, je ne peux que confirmer votre commentaire! On rit, c’est plein d’humour et d’originalité dans la mise en scène… mais on croit plusieurs fois que c’est la fin alors que le spectacle repart sans se renouveler… 😉