Au théâtre de la Contrescarpe, la philosophie a du swing. Le professeur virevolte, joue les chauffeurs de salle, esquisse même quelques pas de danse.
N’imaginez pas assister à une longue leçon vaguement saupoudrée d’humour : malgré les citations qui se succèdent sur l’écran de projection façon Power Point, la prestation que propose Gilles Vervisch tient bien plus du one-man show que de l’enseignement. Les quelques références académiques que le professeur convoque sont ici le prétexte à des digressions sarcastiques, développées dans le sillage mordant des Bedos et Guillon. Des questions sans fond telles que « Faut-il séparer l’œuvre de son auteur, aussi abjects soient ses actes ? », « Comment avoir le dernier mot dans une confrontation ? » ou encore « Ne se construit-on qu’avec le regard de l’autre ? » prennent un assaisonnement aigre-doux. A ces interrogations, pas d’autre réponse que le rire, la distance et un brin de cynisme. En un peu plus d’une heure, Vervisch ébouriffe ainsi Sartre et Schopenhauer pour mieux recoiffer l’actualité du monde qui nous entoure : Gérard Depardieu, Emmanuel Macron ou l’égalité hommes/femmes se mélangent dans ce curieux melting-pot, où l’intelligence frôle l’insolence… sans jamais trop se prendre au sérieux.
Energique et vif, Gilles Vervisch ne maîtrise pas seulement le logos – ce discours de la raison initié par Platon et les maîtres grecs : il domine également la scène avec brio. Le résultat est rafraîchissant, enlevé, et surtout différent de ce qu’on a l’habitude de voir. Un seul regret : que les appuis philosophiques sur lesquels le professeur joue au trampoline ne soient pas plus foisonnants, tant on se régale de les voir secoués. Gilles Vervisch a déjà pour lui l’humour grinçant et l’étoffe d’un vrai stand-upper : s’il continue à défriser les penseurs, il ouvrira un chemin unique dans le paysage comique français.
T.L.
Etes-vous sûr.e d’avoir raison ? au théâtre de la Contrescarpe, 75005 Paris. Les jeudis 22 et 29 février à 21h.