Le prix Médicis a été decerné mardi à Emmanuelle Pireyre pour sa Féerie générale, parue aux Editions de l’Olivier. Avec ce quatrième roman, l’écrivain l’emporte haut la main puisqu’elle a récolté dès le premier tour 8 voies sur les 10 attribuées par le jury.
Changement de cap : après s’être frottée avec brio au processus de destruction dans Comment faire disparaître la terre?, l’auteur enjolive dans un ouvrage volontairement plus positif le rapport de l’être à la société, notamment au travers d’intermédiaires modernes comme les médias ou internet. S’appuyant sur des éléments prosaïques puisés dans le quotidien ou dans les journaux, Emmanuelle Pireyre livre ainsi « une version plus féérique du monde et de l’époque dans laquelle on est », a précisé l’ancien ministre de la Culture et membre du jury Frédéric Mitterrand.
En attribuant à Féerie générale le prix Médicis, le jury a aussi tenu à récompenser l’originalité formelle du roman, véritable patchwork stylistique mêlant de manière convaincante récits et introspection, sms et courriels, langue orale et rap. Un travail de fourmi s’étalant sur cinq ans a été nécessaire à l’auteure pour tisser ce méli-mélo oscillant entre ficiton et réalité. Dans ce domaine, l’écrivain excelle : également poète, Emmanuelle Pireyre aime manipuler la langue, la tordre pour en extraire le jus le plus savoureux. Mission accomplie.
Un choix moins inattendu a couronné l’Israélien Avraham B. Yehoshua, qui a reçu le prix Médicis étranger pour Retrospective (Grasset). Egalement désigné vainqueur dès le premier tour, l’auteur né à Jérusalem et connu pour son engagement en faveur de la paix israélo-palstinienne s’intéresse dans cet ouvrage à la force de création artistique, qu’il partage entre quatre personnages (metteur en scène, cinéaste, actrice, photographe). La récompense qui lui a été attribuée est, selon les mots de l’auteur âgé de 76 ans, un véritable plaisir dans la vieillesse.