La bête Borhinger entre en scène, retourne en coulisse, refait son entrée. Marche sur les planches autour d’un cercle invisible. Un boxeur, un battant, un survivant. Si l’acteur a connu de beaux succès et quelques échecs, l’homme sait tous les excès, toutes les colères, toutes les passions. Au théâtre Rutebeuf, il se tient devant nous, cabossé, bancal, vibrant, vivant, seul sur le ring. Avec beaucoup d’humour, il fait son numéro, le coeur sur la main, nous ouvre les portes de sa mémoire, de sa folle vie qui défile à toute berzingue et dans tous les sens. Du Mali à New York, le beau rugissant scande ses souvenirs en effeuilant maladroitement de gros cahiers : les femmes, le cinéma, la nuit, l’Afrique, la maladie, les amis… Léotard, Giraudeau, des rebelles, des batailleurs, des donneurs de coups durs et d’amour aussi, comme lui.
Ca déboule, ça coule à flow, presque du rap, presque du slam, de la poésie orale, brute. La salle rit de bon coeur ou retient sa respiration, elle le porte, lui, l’indomptable ; elle l’admire et l’enveloppe de toute son admiration et de sa belle fraternité. Revigorant.
Benjamin Pechmezac