INTERVIEW// Mathieu Rosaz : Ex-fan des 80’s, hommage à toutes ses idoles

Depuis vingt ans, de scènes en disques, Mathieu Rosaz chante ses chansons autant que celles des autres. Avec Ex-Fan des 80’s, d’abord un spectacle et maintenant un album, il revient aux sources de ses rêves de chanteur dans un hommage proustien à ses idoles apparues dans les années 80.

Les Zébrés : On vous a connu interprète de Barbara, Sanson, Berger ou Anne Sylvestre… Comment s’est effectué la transition vers Mylène Farmer, Jeanne Mas, Lio et les autres ?
Mathieu Rosaz : Pour moi, c’est par là que tout a commencé, par la variété, les chansons qui passaient à la radio, à la télévision. C’est d’elles, du plaisir qu’elles me procuraient, que me vient le désir fou de chanter. Ces chansons, ces années 80, je les ai prises de plein fouet.

Donc ce projet aurait une teinte nostalgique ?
Il y a une nostalgie bien sûr mais le fait que les arrangements scène puis disque soient souvent diamétralement opposés aux versions originales nous éloigne assez rapidement de cette impression. C’est un projet que je portais en moi depuis longtemps en tout cas.

Ex-fan des 80'sVous traitez ces chansons comme des grands classiques. On découvre ou redécouvre d’ailleurs un certain nombre de textes.
C’était l’une de mes ambitions. Certains titres ont dû être écrits très vite ou par de jeunes gens qui débutaient et il peut y avoir quelques maladresses… S’il y a des bizarreries, elles font aussi partie de leur charme. On me parle beaucoup des textes mais j’espère aussi faire ressortir les mélodies. Par exemple, Tes Etats d’âme… Eric de Luna Parker, c’est quand même une sacrée mélodie, les couplets surtout ! Ces chansons sont grandes aussi par leur destin : énormément de gens les ont aimées, beaucoup ne les ont pas oubliées et ne serait-ce que pour ces raisons-là elles sont importantes.

Sur l’album, comme sur votre dernier EP (Oh les beaux rêves, 2016), le piano-voix domine : il vous correspond mieux que des sonorités plus pop ?
Je ne sais pas si c’est ma signature mais c’est ce que je sais faire. On a beaucoup entendu de synthétiseurs dans les années 80 et 90 et j’ai fini par en faire un rejet, par ne plus les supporter. Aujourd’hui j’ai fait mon purgatoire et j’y reviens. De là à faire des chansons originales avec des sons de cette époque-là… Je ne suis pas certain de pouvoir assumer pleinement la posture que ça implique.

Vous prenez plutôt le contrepied d’un mouvement actuel qui s’inspire des sons de cette époque : vous ne gardez que les textes et les mélodies.
C’est vrai qu’il y a beaucoup de chanteurs et de groupes qui font des chansons inédites arrangées avec un son souvent très emprunté aux années 70 et 80, à la New Wave surtout. Ces groupes et chanteurs m’intéressent. J’ai écouté en boucle l’album de Juliette Armanet par exemple. Je m’intéresse aussi à ce que font Fischbach, Marie-Flore, The Pirouettes, Kiz et tant d’autres. Il y en a beaucoup et ce n’est pas pour me déplaire.

Vous avez quand même choisi des univers très électroniques notamment pour Étrange affaire (Wallis Franken).
Je tenais absolument à ce que cette chanson figure sur l’album : je la trouve vraiment bien écrite, une sorte de polar ambigu, et j’adore cette mélodie de Mike Oldfield à qui on doit deux chefs d’oeuvre de la pop que sont To France et Moonlight Shadow. J’ai tenté au départ un piano-voix sur ce titre et ça ne fonctionnait pas et c’est en tâtonnant dans des sonorités plus électro que cette version est née.

Vous vous offrez des invités de marque : Delphine Seyrig par exemple.
Oui, Delphine Seyrig a gentiment accepté (rires). Son rôle dans le film L’Année Dernière à Marienbad d’Alain Resnais en 1961 a, à ma connaissance, inspiré deux chansons : Marienbad de Barbara et François Wertheimer en 1973 et Canoë Rose pour Viktor Lazlo en 1986 (“C’était pas l’année dernière, c’était pas à Marienbad…”). Sur scène, Michel Glasko jouait en intro à l’accordéon le refrain de la chanson de Barbara en guise de clin d’oeil. Sur l’album, c’est la voix de Delphine Seyrig que j’ai choisie. J’ai pris beaucoup de plaisir à jouer au piano en studio cette chanson au kitsch complètement assumé, à la fois simple et sophistiquée. L’impression d’un épisode des Feux de l’Amour tourné par Alain Resnais…

Parmi toutes ces chansons, vous, en tant qu’auteur-compositeur, laquelle rêveriez-vous d’avoir écrite ?
Toutes ! Je ne reprends que des chansons que j’aimerais avoir écrites.

Quant au futur de ce projet : un retour sur scène et sous quelle forme ?
J’ai très envie de continuer à faire vivre ce projet. Je remonterai sur scène si je trouve une production. Avec ce projet, j’ai redécouvert le plaisir de chanter debout, libéré du stress du piano et j’adore ça. Je pourrais le reprendre dans sa formule accordéon-voix mais j’imagine aussi tout de même quelques chansons en piano-voix ou même avec un ordinateur sur scène pour retrouver des sonorités proches de l’album.

Propos recueillis par Thomas Touzalin


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