CRITIQUE // « Maggie », un film d’Henry Hobson

Zombies, vous avez dit zombies ?

Sans aucun doute possible, la jeune Maggie (personnage principal du film éponyme d’Henry Hobson) est bien un de ces morts vivants tels que les a mythifiés George Romero. Pour autant, ce film-là n’a pas grand chose à voir avec les histoires d’horreur qui ont popularisé le genre au cinéma. Pour son premier long-métrage, Hobson signe un drame émouvant, une œuvre profonde et sensible qui mélange habilement haute tension et délicatesse des sentiments. L’histoire ne nous dit pas grand chose de l’événement apocalyptique qui a transformé une partie de l’humanité en zombies. Contaminée, Maggie l’adolescente est en train de subir le même sort. Son père Wade (Arnold Schwarzenegger) est sommé par les autorités de respecter la procédure réglementaire de mise en quarantaine. Ce protocole, qui consiste à isoler et enfermer les personnes infectées pour préserver le reste de la population, c’est la mort à court terme : déshumanisés, monstrueux, les zombies finissent par s’entre-dévorer. Wade, le père aimant, va tout faire pour éviter à sa fille une fin aussi indigne. Mais face à l’inéluctable, quel choix fera-t-il ? Les scènes choc ne sont certes pas absentes mais c’est essentiellement cette bataille contre le destin qui fait de Maggie un film poignant, remarquablement servi par sa distribution. On découvre un Arnold Schwarzenegger vieilli, épaissi, loin de son personnage de gros bras hâbleur, tout en intériorité, surprenant de vulnérabilité, d’amour et de désespoir. Preuve de sa radicale différence, Maggie nous trouble et nous interroge : de quel côté est vraiment l’inhumanité ? Que ferais-je à sa place ? Laisserais-je mon instinct animal prendre le dessus pour survivre ?

Conforté par une réalisation tout en nuances et un esthétisme soigné, le film est porté de bout en bout par l’émotion, du déchirement d’un père brisé à l’effroi d’une enfant consciente de sa déchéance et qui craint de nuire à ceux qu’elle aime. Avec la fin pour apothéose, Maggie est un film aussi inattendu qu’attachant.

Maryse Decool