RENCONTRE// Christine Mangili, responsable de la communication du Théâtre d’Ivry, nous parle de la saison 2013-2014

Théâtre d'IvryLes Zébrés Magazine. – Bonjour Christine Mangili, vous êtres responsable de la communication du Théâtre d’Ivry. Parlez-nous des moments forts de la nouvelle saison…
Christine Mangili. – La nouvelle saison est riche de projets divers. La chanson, d’abord, sera très présente, notamment avec des artistes tels que Jacques Higelin, Yves Jamait, Melissmell, Alexis HK ou Jeanne Cherhal, ainsi que des hommages à Trenet, Prévert et Boby Lapointe. Côté découvertes, nous recevrons en premières parties Pierre Lebelâge et Nathalie Miravette.
La programmation du Théâtre comprend également un volet de spectacles pluridisciplinaires et tout public proposés aux jeunes spectateurs : la création Babillages va mêler le jonglage et la musique, La femme oiseau d’Alain Batis associera le théâtre et la marionnette et enfin Non !, la dernière création de la conteuse Praline Gay-Para également reliée à la marionnette.
Quant au slameur D’ de Kabal, il va proposer une création en décembre sur un thème sensible, la maltraitance, Silenciô, l’enfant sans nom. Enfin, en mai, dans le cadre de Mémoires des esclavages et de leurs abolitions, nous accueillons en collaboration avec la Biennale des poètes et l’Institut du Tout Monde des poètes de la Caraïbes et le très beau spectacle d’Arthur H et Nicolas Repac L’or noir.

Vous avez organisé une merveilleuse fête pour le départ de Leïla Cukierman. Son successeur s’appelle Christophe Adriani. Qui est-il ?
Oui, cet envol de saison était un peu particulier puisque la directrice, Leïla Cukierman, qui a officié une vingtaine d’années au Théâtre, était sur scène avec le spectacle Comme une Isle qu’elle a écrit. Sous la houlette de Nilda Fernandez, Juliette, Guidoni, Loïc Lantoine, Nicolas Jules, Chanson Plus, pour ne citer qu’eux, lui ont offert un moment magique pour saluer son travail et son engagement notamment dans le domaine de la chanson.
Christophe Adriani a un joli CV ! Il a notamment été coordinateur de projets pour la Cie du Lierre, la Cie BlonBa, directeur du Centre Culturel Jean-Houdremont à la Courneuve, directeur de la salle Gérard Philippe (théâtre, Cinéma) à Bonneuil, directeur de la culture et des manifestations publiques à Villeneuve-le-Roi dans les années 90…

Va-t-il s’inscrire dans la continuité de Leïla ou bien prendra-t-il une orientation sensiblement différente ?
Il vient d’arriver ! Dans un premier temps, il est évident qu’il sera dans cette continuité mais en se réappropriant le projet artistique basé sur la création et ses deux axes principaux : chanson et jeune public. Et puis il a sa propre personnalité et sensibilité ! Pour le moment, il évalue ce qui fonctionne ou non. Nous le trouvons très à l’écoute de l’équipe et ouvert à des évolutions.
Cette construction de l’avenir se fera par étape, court, moyen et long terme ! L’empreinte de Christophe Adriani sera complètement visible après le départ du Théâtre des Quartiers d’Ivry (dans deux ou trois ans) car il occupe encore le Théâtre trois mois dans la saison.

La chanson, la vraie, la (re)belle, est liée à votre théâtre. Comment expliquez-vous la fidélité des artistes qui viennent et reviennent, à l’image d’Anne Sylvestre ou Michèle Bernard ?
La chanson est un art populaire beaucoup plus divers que l’on pourrait croire et qui jalonne la vie de chacun. Le problème aujourd’hui, plus que jamais, c’est l’utra médiatisation de certains au mépris d’autres. Par ailleurs, il faut que ça marche tout de suite !
A un moment donné, on parlait de la scène alternative et de système D pour évoquer des artistes issus de petits lieux ou de festivals impliqués et qui ont fédéré un large public, sans forcément produire de disque et sans exposition médiatique.
Dans l’histoire du Théâtre, il est vrai que ce sont surtout des artistes de scène qui ont eu l’opportunité de venir et sur lesquels un travail dans la durée a pu se faire. Mais je ne dirai pas forcément « rebelle », car la chanson c’est le texte, oui, mais c’est aussi le partage, la présence, l ’émotion, la musique, les sentiments, la fête! Nous marchons peut-être à contre-courant d’un système et le « compagnonnage » d’artistes fait partie de notre engagement pour construire dans la durée. Michèle Bernard, par exemple, que nous avons reçue en création la saison dernière, est une artiste rare, généreuse et habitée par une grâce, mais qui n’intéresse pas ou peu les médias et encore moins les majors du disque. Pourtant, après sa venue à Ivry, elle a fait une vraie belle tournée et son public la suit partout !
Quant à la fidélité réciproque entre les artistes et le théâtre, elle s’explique à la fois par les moyens financiers mis en œuvre et par l’investissement de cette équipe de vingt personnes, passionnée et motivée, qui se bat pour que cela existe malgré le contexte et les difficultés.

Tout au long de l’année vous menez des actions auprès de certains publics qui n’ont pas toujours accès à la culture. Pourquoi cet ancrage social et politique est-il tellement important pour vous ?
Cela fait partie intégrante des missions d’un théâtre municipal dans une ville comme Ivry ! Les missions de service public sont nécessaires pour créer des liens avec tous les publics. Avec certains artistes ou associations, nous allons dans les quartiers, à domicile, dans les écoles primaires, collèges et lycées pour présenter des petites formes de spectacles ou des ateliers, des rencontres.
De même, 6500 élèves, du Cour Préparatoire à la terminale, viennent chaque année au Théâtre sur les représentations scolaires pour découvrir des spectacles vivants et en marge de ce qu’ils connaissent. La plupart du temps, en effet, un travail en amont se fait avec des instituteurs ou professeurs, la classe et les personnes chargées de ces actions au Théâtre.
L’idée que, dès le plus jeune âge, toutes et tous puissent fréquenter l’art est au fondement de « L’éducation populaire ». C’est une dimension essentielle de la mission confiée au Théâtre par la Ville d’Ivry. Vivre, susciter, partager des émotions, se forger sa propre identité semble plus que jamais nécessaire dans une société d’uniformisation.

Tous nos lecteurs ne connaissent peut-être pas encore le Théâtre d’Ivry. Que pouvez-leur dire pour leur donner envie de découvrir votre programmation sans tarder ?
Les lecteurs pourront découvrir des artistes dans une salle à dimension humaine et par conséquent avoir de belles émotions ! Ivry touche Paris, nous sommes donc accessibles par le métro, ligne 7 terminus Mairie d’Ivry ou encore le RER C gare d’Ivry. Par ailleurs, la politique tarifaire est un atout majeur, notamment avec l’abonnement (6 spectacles au choix pour 48 €) ou la Carte Pass que l’on achète 10 € et qui permet de voir les autres spectacles à 10 €, un tarif dont bénéficie aussi l’accompagnateur. Tout cela est expliqué sur le site : http://theatredivryantoinevitez.ivry94.fr, allez-y !

Propos recueillis par Benjamin Pechmezac