CRITIQUE// Le nouvel album de Gildas Thomas, « Parce qu’un singe s’est mis debout »

« Parce qu’un singe s’est mis debout » est le troisième album en seulement cinq ans de cet artiste singulier.

Au fil de ces dix-sept nouvelles chansons, Gildas Thomas, tendre ou révolté, dresse le portrait sans concession d’une société malade qui le fascine pourtant plus que jamais. L’artiste s’interroge, s’insurge, s’amuse. Et nous attendrit, souvent.

Cette société boiteuse, il semble lire en elle comme dans un livre ouvert, tant les mots sont percutants et les thèmes abordés furieusement actuels.

Qu’il chante les regrets d’un accidenté paraplégique, chahute les familles recomposées ou décortique les rencontres virtuelles, le bougre fait le singe mais trouve toujours le ton juste, ne rate jamais sa cible et vise en plein cœur.

Avec la pointe de cynisme et l’humour tranchant qui le caractérisent, cet humaniste touchant fustige comme il sait si bien le faire la bêtise et la méchanceté, les durs de dur sans scrupule et nos petites certitudes, endossant tour à tour le costume d’un conteur amusé du quotidien (« Allergique aux kiwis ») ou celui d’un chanteur préoccupé (« Tous sur le pot », « Votre beauté anonyme »).

Guitares ensorceleuses ou swingantes à souhait, percussions précises et envoûtantes, scie musicale cajoleuse… tout est réuni ici pour qu’on se sente à l’aise à l’écoute de ces folksongs acidulées qui n’ont rien à envier aux chouchous du top 50.

Avec ce troisième album, Gildas Thomas, artiste inclassable au public fidèle, prouve une fois de plus qu’il a bel et bien une place à part entière dans le paysage de la scène française. 

B.P.