INTERVIEW// Helmut Fritz, sans langue de bois

Il nous a bien énervés en 2009. Aujourd’hui, Helmut Fritz laisse son personnage médiatique de côté pour se recentrer sur une électro classieuse avec Décalage immédiat, un double album qui fait mouche. Rencontre.  

HELMUTLes Zébrés. Comment est né le tube Ca m’énerve ?
Helmut Fritz. Les contractions ont débuté en octobre 2008. J’ai créé HF, ce drôle d’avatar musical qui a ensuite lui-même souhaité interpréter une chanson sur l’anti-consumérisme en utilisant et en grossissant le trait de la société parisienne. L’accouchement a eu lieu en mars 2009, soit 5 mois après les premières contractions…

Plutôt joke ou marketing assumé ?
Joke qui s’est transformé en phénomène (en terme de ventes et de récompenses). Le marketing a suivi mais n’était pas à la source de la chanson puisqu’elle a été écrite, maquettée et mise en ligne bien avant ma signature chez Sony. Mais, à travers ce titre et l’album qui a suivi, il y avait une vraie volonté de rencontrer un public et de monter sur scène. C’était donc une démarche globale et sincère. Je pense que c’est aussi ce qui a fait fonctionner le truc.

Après le buzz, le blues ?
Mmmm… Oui mais pas à cause de la redescente, plutôt parce que j’ai un caractère un peu bipolaire qui engendre des hauts et des bas indépendamment des succès ou des échecs que je peux rencontrer. Je peux « bader » lorsque tout va bien ou me complaire dans la mélancolie. D’ailleurs Victor Hugo disait que la mélancolie c’est le bonheur d’être triste…

Avec ce nouvel album, vous vous recentrez sur une électro beaucoup plus classe. Vous savez que les médias vous attendent au tournant… Est-ce une pression supplémentaire ?
Merci de reconnaître ça. J’ai voulu, avec cet album, proposer des productions dignes de celles qui me font vibrer, danser et qui peuvent m’émouvoir, des prods que l’on trouve assez peu sur des projets mainstream finalement. Je suis toutefois conscient de rester dans le « populaire » de par le personnage, les textes en français et l’image que les gens ont d’Helmut même si j’essaie de la faire évoluer. C’est compliqué ces saloperies de cases franco-françaises. Des oeillères !  T’es ici donc tu ne peux pas aller là…
Je me préoccupe évidemment de l’avis des médias en ce qui concerne mon travail et je suis ravi que les critiques soient aussi bonnes, quasi unanimes d’ailleurs, sur la qualité de ce double-album.

Justement, ces nouvelles chansons, pouvez-vous nous en dire quelques mots ? Quels sont les thèmes principaux, ceux qui vous tiennent à coeur ?
Je parle beaucoup de la société du spectacle, dans laquelle je vis, mais qui fonctionne bizarrement à mon sens : culte de la personnalité même chez les anonymes, culte du paraître (maigreur poussée par la presse), culte du vide (téléréalité)… tout cela se retrouve dans mes chansons. Il y a également des messages universels comme la rupture (le titre Plus là) ou encore des choses plus personnelles (le coup de gueule de L’idole du protocole).

Dans ce nouveau disque, vous proposez des duos avec des gens aussi différents que Philippe Katerine et… Francis Lalanne. Toujours cette volonté de brouiller les pistes ?
Oui et non. J’aime effectivement être là où l’on ne m’attend pas mais ces chansons ont été enregistrées suite à des rencontres et ont donc une vraie légitimité. Ce ne sont pas des reprises de Goldman ou de France Gall qui feront marcher la machine à cash, juste des chansons que j’aime ou que j’ai aimé avec des gens cools qui m’aident à les réinterpréter.

Pour terminer, qu’aimeriez-vous que l’on dise de vous ?
Du bien, cher ami. Du bien. Que j’ai, à travers Helmut, réussi à proposer quelque chose de singulier, des textes intelligents (j’espère) sur des prods élaborées (j’en suis convaincu) pour au final ne ressembler à aucun autre artiste français d’aujourd’hui.

Propos recueillis par Benjamin Pechmezac


Helmut Fritz, Décalage Immédiat  (Sony)