CRITIQUE// Mercredi, série de Miles Millar et Alfred Gough, réalisée par Tim Burton.

Mercredi, tout est permis ? Avec la griffe de Tim Burton reconnaissable entre mille, on peut dire de Mercredi, l’une des dernières séries Netflix, qu’elle est esthétiquement très réussie. Mais cela s’arrête là.

Tim Burton semble avoir perdu son âme gothique et sa personnalité atypique en chemin. Ici, le ton acide du réalisateur et les thèmes qui lui sont chers (où est la normalité et qui sont les vrais monstres ? Comment se libérer du poids de l’éducation et de l’autorité d’un père ou d’une mère ?) sont noyés dans une succession de clichés et de scènes déjà vues ailleurs. D’où l’impression de contempler un univers en toc, tissé de copier-coller (le Poudlard de J.K. Rowling ou même la Carrie de Stephen King). On aimerait retrouver l’atmosphère funèbre et l’humour morbide qui faisait tout le charme des films de Barry Sonnenfeld (La Famille Addams et Les Valeurs de la Famille Addams, sortis en 1991 et 1993). Mais rien ne fonctionne vraiment. Au bout de quelques épisodes, le personnage de Mercredi perd son côté hors-norme et ses manières de psychopathe, et le scénario est tellement cousu de fil blanc qu’il finit par lasser, voire agacer.

Dans le rôle titre et malgré son indéboulonnable moue, la prometteuse Jenna Ortega ne parvient pas à faire oublier la Christina Ricci des films de Sonnenfeld, si sobrement et délicieusement lugubre. Bien que l’on goûte encore à ses répliques acerbes, on regrette furieusement son manque de simplicité : ici, Mademoiselle est devenue championne d’auto-défense et se bagarre à tout-va. Quant aux autres membres de la famille Addams, il est heureux qu’ils soient cantonnés à des rôles secondaires. Catherine Zeta-Jones en Morticia et Luis Guzman en Gomez, peu convaincants, ne sont pas à la hauteur d’Anjelica Huston et de Raùl Julia en d’autres temps.

Cette nouvelle adaptation, que même la participation clin d’œil de Christina Ricci ne sauve pas de la médiocrité et de la caricature, n’apportera pas le sang neuf attendu par ses créateurs. Pour qui a passé l’âge de l’adolescence, Mercredi est une série sans grand intérêt.

Maryse Decool