CRITIQUE// « Lacenaire, faire de sa vie une oeuvre », au Théâtre de la Huchette (Paris)

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Si certains d’entre nous ont eu vent des forfaits de Lacenaire, d’autres ignorent totalement son existence. Rassurez-vous, connaitre le personnage n’est pas nécessaire pour profiter pleinement de cette brillante pièce. Au commencement, une discussion entre Lacenaire et un pauvre type – son futur complice – nous met dans le bain (de sang) : manipulateur, cynique, antipathique, Lacenaire, bandit haut en couleur, prépare un mauvais coup… et n’en sortira pas indemne.

La scénographie est épurée – quelques rondins de bois s’emboîtent pour former le décor de chaque tableau ; la mise en scène ingénieuse, précise et fluide. L’horreur se joue là, sous nos yeux, mécanique sordide d’un meurtre de sang froid. Et puis vient le procès où Lacenaire, monstre lettré et époustouflant d’intelligence, manipule l’auditoire avec force de conviction, trouble les pistes, se défend avec une verve rarement égalée. Le jeu des comédiens (Frédéric Kneip et, en alternance, Franck Desmedt ou Yvon Martin), confère à ce spectacle une vraie force dramatique. Plus que le simple récit des actes sordides commis par Lacenaire, ce qui nous est proposé ici c’est une saisissante immersion dans la tête d’un assassin flamboyant, animé d’une réelle ferveur littéraire. Remarquable.

B.P.


Lacenaire, faire de sa vie une oeuvreDu 10 juin au 30 août 2014 au Théâtre de la Huchette (Paris). Comédie d’Yvan Bregeon et Franck Desmedt,  Avec Frédéric Kneip et Franck Desmedt ou Yvon Martin.