CRITIQUE// Goran Bregovic passe et le théâtre s’embrase

bregovicGoran Bregovic parcourt les régions et les villes avec son Orchestre des mariages et des Enterrements. Imposant, cet ensemble composé de cuivres, d’un quatuor de cordes, d’un percussionniste, d’un clarinettiste-saxophoniste, d’un chœur masculin et de deux chanteuses en costume traditionnel des Balkans remplit tout l’espace. Et quand le maestro entre en scène, dandy souriant vêtu de blanc, chaussures bleu saphir assorties à sa guitare électrique, il est acclamé comme une rock-star. Sa renommée n’est plus à faire, le public européen connaît son talent doublé de fantaisie déjantée depuis sa prolifique collaboration avec le cinéaste serbe Emir Kusturica. Et de fait, d’emblée, on est dans une scène de film – Underground, Le temps des Gitans… tant ces BO ont marqué nos souvenirs. Comment ne pas avoir envie de reprendre à l’unisson des passages de la chanson « In the death car », composée avec Iggy Pop pour le film Arizona Dream ? Comment rester insensible à la grandiose évocation de la nuit de la Saint Barthélémy, tout droit issue de La reine Margot de Patrice Chéreau ?

Bientôt, les sièges sont de trop ; tout le monde est debout, gagné par une frénésie qui envoûte et pousse à se déhancher en rythme. Il est vrai que cette musique allègre, joyeuse et entraînante, mélange de folklore tsigane, de jazz et de musique classique porté par la virtuosité des interprètes, est une irrésistible invite à caracoler sur place. Mais pas que. Goran Bregovic offre aussi à son public de magnifiques chansons empreintes de poésie, de sensualité ou d’un souffle épique et oriental qui évoque les déserts du Caucase, sublimes compositions qui touchent l’âme au plus profond.

Entre délire et émotion, Champagne for gypsies, le show de Goran Bregovic et de son Orchestre des Mariages et des Enterrements, met le feu autant qu’il ensorcelle. Une vraie bouffée d’oxygène et d’énergie qui délite pour un soir la grisaille de nos existences.  

Maryse Decool